La prise de DJIDJELLI-1839

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Le 1er janvier 1839, le brick l’Indépendant, qui transportait d’Alger à Bône, des blés
de l’intendance, battu par la tempête dans les parages de DJIDJELLI, vint s’échouer
entre cette ville et l’embouchure de l’oued DJENDEN. Les kabyles du voisinage
pillèrent la cargaison et emmenèrent en captivité l’équipage, demandant pour les
relâcher une rançon de 6 000 francs.

Le général GALBOIS, qui commandait à Constantine, fit négocier le rachat des
captifs par l’entremise du marabout. Les frères BOURBOUNE se mirent eux-mêmes,
ainsi que leur famille, en otage chez les kabyles et obtinrent une réduction de la
rançon ramenée à 4 500 francs. Cependant nous ne pouvions rester sous le coup
d’un pareil affront, mais la saison n’était pas propice à une intervention.

Un corps expéditionnaire, destiné à opérer contre DJIDJELLI, fut réuni à
PHILIPPEVILLE. Il fut confié au chef d’escadron de SALLES par le général
GALBOIS, qui lui-même devait se mettre à la tête de la petite armée (758 hommes).
Deux bâtiments à vapeur le Styx et le Cerbère devaient transporter le matériel et les
hommes. Le 12 mai les bâtiments partirent de Philippeville et arrivèrent dans la rade
de DJIDJELLI pendant la nuit. Le débarquement eut lieu le matin ; les chaloupes
s’étant ensablées, le capitaine de SAINT ARNAUD se jeta à la nage à la tête de sa
compagnie et prit possession de la ville sans éprouver de résistance sérieuse. Le
lundi 13 mai 1839, DJIDJELLI (orthographié à l’époque GIGELLI) tombait en notre
pouvoir.
Le restant des troupes débarqua sur le rivage et s’empara immédiatement des
hauteurs du Djebel AÏOUF qui domine la ville et le port. On commença à mettre, sans
délai, les crêtes en état de défense ; on releva les ruines du fort construit en 1664 sur
le Djebel EL KORN et on lui donna le nom de Fort SAINT FERDINAND ; on restaura
aussi les ruines d’un ancien établissement sur la pointe qui commande le port et le
nomma Fort DUQUESNE. Le 15 mai après des péripéties d’escarmouches, sans succès, des Kabyles, ils demandèrent la paix. Nous déplorons la perte de 8 tués et 42 blessés. Mais d’autres
attaques eurent lieu où SAINT-ARNAUD, le capitaine CLERC et nos troupes firent
preuve, à nouveau, de vaillance eu égard à celle de leurs ennemis. En trois jours les
Forts Saint- Ferdinand, Duquesne, Sainte Eugénie et la redoute Galbois ont été
relevés ou construits, puis armées de pièces de canons.
Les espions annonçaient de nouvelles hostilités par de nombreuses forces ennemies
pour le vendredi 17, jour de marché. Des troupes françaises et du matériel, en
renfort, furent mises à disposition de DE-SALLES. Une masse de kabyles évaluée à
3 ou 4 000 hommes vint donner l’assaut à nos lignes de défense, sans succès,
appuyées notamment par les canons du bateau, le STIX. Mais nous eurent à
déplorer la mort du chef d’escadron HORAIN. Voyant que tous les efforts faits pour
nous déloger de nos positions aboutissaient à des échecs, les kabyles, découragés,
se retirèrent définitivement le 4 juin 1839.
Désormais notre conquête étant assurée, mais il s’agissait de l’organiser. Les rues
étaient à peine tracées et les huttes qui servaient de maisons se trouvaient dans un
état de malpropreté repoussante, telle, écrivait à son frère le capitaine de SAINTARNAUD que « notre mère n’y mettrait par ses porcs de Gascogne ». On procéda
d’abord à un nettoyage sérieux : des murs de maisons en ruines furent relevés, les
rues déblayées, puis on établit un débarcadère avec rampe d’accès. La défense
étant assurée du côté de la terre, il fallait songer à se mettre à l’abri d’un coup de
main venant de la mer. Sur d’anciennes fortifications romaines, furent élevés deux
murs pourvus d’un parapet ; on installa une forte batterie, près de laquelle fut
construit un baraquement destiné à servir de caserne pour une compagnie ; le tout
protégé par un mur crénelé ; l’ancienne tour génoise devint une poudrière

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