À travers divers documents, et différentes mémoires , nous mettons ces quelques lignes pour exposer la chronologie de l’ insurrection de 1871 au niveau de la tribu d’El Aouana.
De 1830 à 1870, toutes les insurrections menées par les confréries contre la pénétration coloniale française, les jacqueries paysannes, les révoltes villageoises étaient de nature défensive, les Algériens résistaient à leur extermination.
En 1871, pour la première fois depuis le débarquement de la flotte de l’amiral De Bourmont à Sidi Ferruch, les paysans passèrent à l’offensive jugeant le moment propice pour « jeter les français à la mer ». C’est la plus importante insurrection contre les forces coloniales françaises depuis la conquête d’Alger. Dans la matinée du samedi 8 avril 1871, le cheikh Aheddad proclama sur la place du marché de Seddouk la guerre contre l’occupant français.
C’est le début de l’insurrection, près de 250 tribus du Constantinois promises à l’extension rapide du régime civil prennent les armes. L’insurrection enflamme le Tell de la frontière tunisienne jusqu’à Cherchell, et, en évitant l’arrière-pays d’Alger, descend jusqu’aux oasis du Sud. L’armée française affaiblie préconise l’abandon des établissements isolés et le regroupement dans les Bordjs solidement défendus. La plupart des villes et des villages d’importance sont assiégés.
Appelée localement , la « guerre sainte »ou« guerre du Français », survenue le 16 mars 1871 en Algérie, c’ est la plus importante insurrection contre le pouvoir colonial français depuis le début de la conquête de l’Algérie en 1830, les tribus ayant participé à cette révolte représentaient le tiers de la population de l’Algérie. Elle est menée depuis la Kabylie des Bibans par le cheikh El Mokrani et son frère Boumezrag, ainsi que par le cheikh El Haddad, chef de la confrérie des Rahmaniya. Cheikh A Heddad, maître de la Rahmaniya, fut certes le chef spirituel de l’insurrection – ce fut son appel au Djihad lancé le 8 Avril 1871 au marché de M’cisna qui fit basculer la région – mais les vrais acteurs politiques et militaires de ce soulèvement furent ses fils M’hamed et surtout Azziz.
Dans la région ouest de Djidjelli, c’est cheikh BRAHAM BOUSSOUFA(des Ouled Mhammed) actuellement HARBI, qui a été chargé par cheikh Aziz el HADDAD d’organiser l’insurrection en compagnie du Cheikh Rabah BENDJEBBAR (des Beni-Sekfel) actuellement DJEMMAL et BENJABBAR et Ahmed ben Ali Cheikh (des Beni-Khzeur).
Extrait du livre L’INSURRECTION EN ALGERIE DE 1871 de Louis RINN commandant du bureau arabe de Constantine(voir les documents en bas)
Si Braham BOUSSOUFA avait conduit les insurgés au pillage des mines de cap Cavallo le 30.05 .1871 et à l’attaque de Djidjelli le 11.06.1871, fut arrêté et finalement exécuté avec d’autres compagnons, n’ayant malheureusement pu s’échapper aux conseils de guerre et exécutions sommaires , rapidement mis en place par l’administration militaire.
Toujours selon le meme livre le commandant Louis RINN, estime que le nombre des moudjahidines s’elevait à environ 8000, stationnées entre Ziama et Cavallo, mais selon les récits des anciens, les combatants étaient répartis en plusieurs groupes entre Taza, Khracha, Beni Sekfal et El Hamma en preparation à l’attaque de Djijdelli.
L’attaque de Djijdelli du 30 mai au 7 juin fut très violente, la ville est alors encerclée de toutes part, les moujahidines pénètrent jusqu’au coeur de la ville, le siege dure plusieurs jours jusqu’à l’arrivé de trois bateaux de guerre L’ARMIDE, L’AVISO LE RENARD ET LE FORFAIT venus de Dellys pour prêter assistance aux troupes françaises qui se trouvaient sur place.
A Cavallo des établissents appartenant aux colons sont attaqués, pillés et détruits, notamment la mine de plomb et de cuivre qui appartenait à la famille BOUSSOUFA, confisquée en 1844 et attribuée aux colons, à cette époque la mine est alors exploitée par TRABET, CARIER et PEPI SYLVESTER, ce dernier un colon qui résidait à Jijel ville et à qui appartenait l’hotel de la Marine se trouvait à la mine lors de la premiere attaque, surpris et poursuivis par nos moujahidines le colon et ses comperes prennent la fuite et trouvent refuge à la grande ile de Cavallo, ils n’ont eu leurs salut que grace à l’intervention rapide des bateaux de guerre venus de Jijel pour leurs porter secours, le journal L’IMPARTIAL du 14/Avril /1907 mentionne cet évènement lors de l’enterement de ce colon qui possédait aussi un terrain à Cavallo.
Voici un extrait du meme livre
À Djidjelli, le général apprit qu’il y avait eu encore deux combats livrés sous les murs de la ville au moment où lui-même sortait de Constantine. Le 1er août, en effet, la tribu des Beni-Caïd, qui avait été la dernière à s’insurger, avait fait spontanément sa soumission, croyant que l’arrivée de renforts à Djidjeli allait lui assurer une protection efficace. Il n’en avait rien été le lendemain même de leur soumission, le 2 août, ils avaient été attaqués par les rebelles, avaient dû évacuer précipitamment leurs villages et se réfugier à Djidjeli.
Encore n’avaient-ils pu le faire que grâce à la sortie d’une section de tirailleurs envoyés à leur secours et à l’action combinée de l’artillerie de la place, qui avait dissipé à coups d’obus les groupes de pillards, commandés par Salah-ben-Chateur et par le frère de Moulaï-Chekfa, Belgacem-ben-Si-Ahmed. Ce dernier, qui était venu pour demander des renforts à El-Koreïchi et à Ben-Bouaraour, les avait aidés, le soir même, à brûler les trois villages des Beni-Caïd. La garnison avait fait, le 3 août, une nouvelle sortie contre les rebelles, qui avaient encore laissé 15 des leurs sur le terrain et avaient emporté de nombreux blessés.
Ce combat avait été le dernier livré sous les murs de Djidjeli, car on avait alors appris la mise en marche de la colonne Delacroix ; Belgacem-ben-Moulaï-Chekfa avait été rappelé par son frère, et El-Koreïchi. était parti avec Amor-Bouaraour pour le Babor, laissant ainsi toute liberté aux indigènes d’aller faire leur soumission. Ce qui n’avait pas tardé à avoir lieu.
Les caïds, les mokhaznya et les BeniF réfugiés à Djidjeli étaient dans la joie ; ils allaient enfin, avec l’aide de la colonne, pouvoir se venger des gens du Tababort, des khouans et des deux moqaddems cause de leur ruine et de leurs humiliations.
Le 7 septembre, le général Delacroix était à Djidjeli, où depuis le milieu du mois d’août, tout était soumis, sauf les tribus touchant le Babor, qui étaient encore groupées en armes autour d’El-Koreïchi-ben-Sidi-Sadoun et d’Amor-ben-Bouaraour.
Le 10 septembre, la colonne campait au col d’El-Aouana, et, aussitôt, le malheureux caïd Mohammed-Bouaraour se présentait en suppliant, suivi des délégués de presque toutes les tribus du Tababort ; seuls les Beni-Khezeur, les Beni-Maad et les Beni-Marmi, n’étaient pas représentés. On ne tint aucun compte à l’ancien caïd de sa démarche, non plus que de ses anciens services, et on l’envoya en prison.
Extrait du livre HISTOIRE DE DIJDIJELLI de A RETOUT
page 116 paru à Alger en 1927 (voir les documents en bas)
Le mokaddem Cheikh el Haddad avait un fils nommé SI AZZIZ et plus communément Chiekh Aziz, celui-ci avait choisit pour le représenter dans la circonscription de Djidjelli, Salah ben Chater et Salah ben Bouchama tout deux de la tribu des Beni-Amran-Djeballah, et les nommés BRAHAM BOUSSOUFA, ancien cheikh des Ouled M’hamed et si Ahmed ben Ali ancien adel du cadi de Tabbort, demeurant a El Aouana *
FÉV 7 — Arrivée è Constantine d’un général administrateur.
FÉV 13 — Complot des Ouled-Aïdoun.
FÉV 14 — * Attaque d’El-Milia.
FEV 20 — Départ des troupes de Constantine pour El-Milia.
FÉV 21 – Télégramme d’Aumale, affirmant que Moqrani est en insurrection.
FÉV 24 — * Combat de Kef-el-Ghorab.
FÉV 25 — *Engagements et razzia aux Beni-Caïd (el Akbia).
FÉV 25 — * Prise du village de Serroudj-di-el-Achech (cercle de Collo).
FÉV 26 — * Engagements à Kef-Zerzour et à Naïma (El-Milia).
FÉV 7 — *Combats de Kef-Zerzour à El-Milia.
FÉV 27 — Destruction des villages des Ouled-Amiour aux Ouled-Aïdoun (El-Milia).
MAI 26 — Réunion des contingents d’Aziz à Aïn-Meraou au Tababort.
MAI 28 — * Combat de Fedj-Selma, contre cheikh Aziz.
MAI 28 — * Combat à Kef-Hamou.
MAI 29 — Combat d’Aziz dans l’est du cercle de Djidjelli.
MAI 31 — Lettres d’Aziz ans. Benhabilès et aux Benmenia.
JUIN 1 — Destruction du bordj de Texenna par Aziz.
JUIN 2 — Aziz quitte le cercle de Djidjelli ; il laisse le commandement à ses moqaddem.
JUIN 7 — Premier combat sous Djidjelli.
JUIN 9 — Deuxième combat sous Djidjelli.
JUIN 11 — Troisième combat sous Djidjelli.
JUIN 15 — Appel à la révolte au marché des Beni-Habibi, près la zaouïa de Chekfa.
JUIN 15 — Lettre d’El-Koreïchi au caïd des Ouled-Aouat (El Milia).
JUIN 25 — Grande assemblée des rebelles à la zaouïa de Moulaï-Chekfa ; plan d’attaque.
JUIN 26 — Marche des rebelles sur le bordj du Caïd des Beni-Ideur.
JUIN 27 — Prise du bordj du Caïd des Beni-Ideur par les rebelles.
JUILL 1 — Incursions des Beni-Habibi dans le cercle de Collo ; nouvelles défections.
JUILL 5 — Démonstration des rebelles aux Ouled-Attia de Collo.
JUILL 5 — Défection des Beni-Khettab d’El-Milia.
JUILL 5 au 6. — * Attaque de nuit à Dra-el-Caïd.
JUILL 7 — *Échec de Moulaï-Chekfa sous El-Milia.
JUILL 10 — * Attaque de Mila par les contingents de Moulaï-Chekfa.
JUILL 13 — Moulaï-Chekfa chez Les Beni-Khetab et Mohammed-ben-Fiala à El- Aïnseur.
JUILL 16 — *Démonstration contre les avant-postes de Djidjelli.
JUILL 17 — Démonstration des rebelles dans la plaine de l’Oued-Zhour.
JUILL 21 — * Nouvelle attaque d’El-Milia.
JUILL 26 — * Destruction des villages des Beni-Hassène et Harratine-Djidjelli.
AOÛT 1 — Soumission des Beni-Caïd de Djidjelli.
AOÛT 2 — Départ de Constantine de la colonne Delacroix.
AOÛT 2 — * Razzia sur les Beni-Caïd de Djidjelli. Sortie de la garnison.
AOÛT 3 — *Combat chez les Ouled-Djama Collo).
AOÛT 3 — *Dernier combat sous Djidjelli.
AOÛT 8 — * Incendie des zriba de Tidiane et de Yadène. IV. 2.
AOÛT 9 — * Combat de Fedj-Beïnem (général Delacroix).
AOÛT 11 — * Prise et destruction des villages des Ouled-Rabah (Beni-Khetab).
AOÛT 13 — Soumission des tribus du Zouagha et de celle des Ouled-Askeur.
AOÛT 13 — Organisation de la défense de Fedj-Beïnem.
AOÛT 14 — * Combat de Sidi-Marouf (général Delacroix).
AOÛT 15 — Soumission d’une partie du cercle de Djidjelli à Fedj-el-Arba.
AOÛT 17 — Soumission des tribus de la rive gauche de l’Oued-el-Kébir à El-Aroussa.
AOÛT 18 — * Combat du Djebel-Goufi (Collo).
AOÛT 21 — Moulaï-Chekfa et Ben-Fiala se constituent prisonniers à Meharka.
AOÛT 22 — La colonne Delacroix à. El-Milia.
SEPT 5 — Destruction des zaouïa de Moulaï-Chekfa et de Ben-Fiala.
SEPT 10 — Le general Delacroix à El-Aouana, le cheikh Braham BOUSSOUFA est fusillé sur place.
SEPT 11 — * Razzia sur les Beni-Ourzeddine et dans la montagne des Beni-Foughal.
SEPT 13 — Razzia sur les Beni-Khezeur, Béni-Manni, Beni-Maad, du Tababort.
SEPT 14 — *Razzia sur les Beni-Segoual.
SEPT 14 — Reddition de Koreichi-ben-Sidi-Sadoun.
SEPT 20 — * Razzia sur les Alem (Tababort).
SEPT 22 — *Razzia sur les O. Salem du Babor.
SEPT 22 — Soumission des tribus du Babor
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