La Préhistoire de l’Algérie commence avec les premières traces d’occupation humaine trouvées sur le territoire actuel de l’Algérie, il y a environ 2 millions d’années, et s’achève avec les premiers textes libyques dits Tifinagh, puis les textes carthaginois et romains, dans la deuxième moitié du 1er millénaire Av JC.
L’Algérie a été peuplée dès l’aube des temps. Les vestiges de la présence humaine en Algérie remontent à 400.000 ans, âge attribué aux restes de “l’Atlanthrope”, découverts dans les sédiments du lac historique Ternifine, en Oranie.”
L’Atlanthrope était un contemporain, et un parent, du Sinanthrope et du Pithécanthrope de Java. Des ossements ont été retrouvés au milieu des outils de pierre taillée qu’il fabriquait. Des outils du même type ont été retrouvés sur d’autres sites attestant la présence de l’homme primitif.
A cette époque, l’Algérie était peuplée d’éléphants dont certaines espèces se maintiendront jusqu’à l’époque historique, mais aussi de rhinocéros, de phacochères, d’hippopotames, de girafes, de bubales… “Ce sont les rives du Tchad et du Zambèze, transportées dans le Maghreb et au cœur du Sahara c’est un paysage de savanes tropicales, d’oueds pérennes, de lacs et de marais dans lesquels se déroulent les civilisations du paléolithique inférieur”.
La civilisation Atérienne, dont le centre d’épanouissement est le site de Bir-El-Ater, au Sud de Tébessa, constitue une autre civilisation reliée à l’ensemble moustérien (paléolithique moyen).
La civilisation Capsienne se situe aux environs du VIIe millénaire avant notre ère. Les Capsiens sont les premiers hommes de notre espèce qui se soient manifestés en Afrique du Nord. Ce type d’Homo Sapiens vivait dans des campements faits de huttes et de branchages. Partis du sud Constantinois, les Capsiens, suivent la ligne des chotts, et se répandent dans l’ensemble du Maghreb. Ils peuvent être considérés comme les ancêtres des Numides, mais ils ne franchiront pas l’Atlas Tellien.
La période préhistorique s’étend sur plusieurs centaines de milliers d’années au maghreb. Les chercheurs varient dans leur datation, allant d’un demi-million à deux millions d’années.
Sur le continent Africain, les vestiges les plus anciens ont été découverts dans les importants gisements du lac Turkana au Kenya, dans le site de l’Omo en Ethiopie et dans la gorge d’Olduvai en Tanzanie. Au Maghreb, et plus précisément en Algérie plusieurs découvertes attestent de la présence de l’homme préhistorique, et ce dès les années 1950. C’est en effet sur le site Ternifine (Tighennif) désormais reconnu par les spécialistes, que le paléontologue Claude Arambourg découvre les fragments du squelette des premiers habitants d’Algérie, en mettant à jour 3 mandibules, dont une complète, exposée au musée Bardot à Alger, ainsi qu’un os pariétal. De nombreux éléments de gisements, ont permis de classer ce site, de l’avis de la spécialiste de la préhistoire Africaine, Ginette Aumassip, « parmi les hauts lieux de la préhistoire mondiale, et de reconnaître l’Homo erectus, comme le plus vieil Algérien connu ».
Aux origines de l’humanité
Né en Afrique de l’est, il y’a de cela environ deux millions d’années, l’homme habile (Homo habilis) migre depuis son berceau pour peupler l’ensemble de l’Afrique, avant de rejoindre l’Asie, puis l’Europe. Il maîtrisait déjà la fabrication des outils et d’ustensiles divers et vivait en petits groupes autour des lacs et points d’eau, déplaçant son campement au gré des conditions environnementales qui s’offraient à lui.
Aucune trace de son squelette n’a été mise à jour en Algérie, mais la présence d’outils qu’il fabriquait et les restes du gibier qu’il chassait, ont été retrouvés dans la région de Sétif, attestant de la présence de l’homo habilis à Aïn Hanech, près de l’actuelle ville d’El Eulma. Les ossements de la faune, qui y vivait alors, témoignent des habitudes de chasse de cet ancêtre et permettent d’affirmer la présence d’animaux archaïques aujourd’hui disparus, tels que l’éléphant d’Afrique, une espèce de girafe, et divers chevaux. L’Homme de cette époque invente « le galet aménagé ». C’est en transformant le galet d’oued, lui conférant une fonction tranchante qu’il crée le premier outil façonné pour subvenir à ses besoins.
Divers sites, au nord et au sud du pays, favorables à la fréquentation de l’homo habilis, indiquent la présence de cet ancêtre, qui vit essentiellement en bordure de lacs.
L’athlantropus mauritanicus, dit Homme de l’Atlas
Notre ancêtre poursuit son périple millénaire en se déplaçant dans différentes régions de ce qui constitue aujourd’hui l’Algérie, et appartient désormais à la grande famille de l’homo erectus (l’homme debout). Nous sommes en -700 000, et il porte dorénavant le nom d’Atlanthrope, ou homme de l’atlas, dont la plus célèbre découverte, est sans conteste celle qui a été faite au début des années 50, mettant à jours ses ossements, retrouvés dans la région de Tighenif (ville à l’est de Mascara).
Bénéficiant d’un climat plus froid et plus humide que celui de ses aïeux, il s’installe principalement dans les régions du lac Karar au nord de Tlemcen, de N’Gaous dans les Belezma près de Batna , au pourtour de l’Ahaggar dans le Sahara central (pour ne citer qu’elles) et conserve pour principales activités, la chasse et la cueillette. L’on constate que ses proies appartiennent à une faune ou coexistaient des animaux nordiques (cerfs, sangliers) et des animaux Africains (éléphants, girafes, hippopotames). Sa capacité d’adaptation le dote d’un nouvel outil, héritier du galet aménagé : le biface, qui en plus d’une meilleure fonctionnalité, car composé de pierre taillé sur deux faces, et présente un niveau esthétique indéniable.
L’Homme de l’atlas maîtrisait le feu, qu’il savait allumer en frottant différents matériaux, disposait également d’une réelle structure sociale, et s’adonnait à les rites funéraires, situant ses pratiques à l’aube des futures croyances immatérielles. Mais c’est sans conteste la nouvelle approche de réalisation de ses outils, ou préfigure la visualisation au préalable de l’objet qu’il souhaite fabriquer, qui nous annonce le début d’une nouvelle ère : celle de l’Homme qui sait !
Mira B.G
sources bibliographiques
-Aumassip, G. (1986) « le bas Sahara dans la préhistoire »
-Arambourg, C. (1958) « Les artisans des industries acheuléennes « , Bulletin de la Société Préhistorique de l’Ariège
-Meynier, G. (2007) « l’Algérie des origines »
Paléolithique archaïque
Les sites préhistoriques de Guelta Zerka, dans la wilaya de Sétif, au centre-est du pays, ont livré des vestiges lithiques très anciens de type oldowayen, toutefois sans fossiles humains associés
Le site d’Aïn Boucherit a livré en 2018 des vestiges d’industrie lithique datés d’environ 2 millions d’années.
Le site a été daté par quatre méthodes indépendantes, mais qui laissent une marge d’incertitude significative, entre 1,9 et 2,4 millions d’années : la polarité géomagnétique négative rapportée au chron Matuyama, la résonance paramagnétique électronique (RPE), la biostratigraphie (les assemblages d’espèces fossiles), et la vitesse de sédimentation estimée. Aïn Boucherit est aujourd’hui le site paléolithique le plus ancien d’Afrique du Nord.
Sur le site voisin d’Aïn Hanech, l’âge des vestiges lithiques est évalué par le paléomagnétisme à environ 1,7 million d’années.
Paléolithique inférieur
Le site préhistorique de Tighennif (anciennement Ternifine), dans la wilaya de Mascara, a livré des outils lithiques acheuléens, notamment des bifaces et des hachereaux, dont l’âge s’échelonne de 1 à 0,7 million d’années. Parmi les vestiges, composés essentiellement d’ossements animaux fossiles et d’outils de pierre taillée, les paléontologues français Camille Arambourg et Robert Hoffstetter ont découvert de 1954 à 1956 trois mandibules humaines, datées d’environ 700 000 ans, qui ont conduit à la définition de l’Atlanthropus mauritanicus, aujourd’hui dénommé Homo mauritanicus. L’Homme de Tighennif présente une mandibule plus robuste que les représentants de l’espèce Homo rhodesiensis, attestée en Afrique à partir d’environ 600 000 ans. Les fossiles de l’Homme de Tighennif sont les plus anciens fossiles humains connus en Afrique du Nord.
Paléolithique moyen
Le Paléolithique moyen s’ouvre en Afrique du Nord avec le Moustérien, à partir d’environ 300 000 ans avant le présent (AP).
À partir d’environ 145 000 ans et jusqu’à 30 000 ans AP prédomine l’Atérien.
L’Atérien a été défini en 1922 par Maurice Reygasse à partir de vestiges lithiques mis au jour sur le site de Bir el-Ater, dans la wilaya de Tébessa].
Les outils atériens sont l’œuvre d’Homo sapiens.
Vers la fin du Paléolithique moyen, il y a quelque 50 000 ans, de fortes pluies tombent au Sahara et au Maghreb, qui connaissent alors un climat humide favorisant le développement des populations d’éléphants, de girafes, de rhinocéros et autres, que les Hommes chassent en grands nombres.
L’Homme de Mechta-Afalou a été trouvé près de Constantine.
Paléolithique supérieur
À partir de 25 000 ans AP émerge l’Ibéromaurusien, après un hiatus archéologique de plusieurs milliers d’années.
Son outillage comporte notamment de nombreuses lamelles à dos abattu et divers types d’outils en os. Ni art pariétal, ni art rupestre n’ont été mis au jour, alors que l’Ibéromaurusien est contemporain des peintures du Solutréen et du Magdalénien, nombreuses en France et en Espagne. La découverte la plus insolite est celle de statuettes en terre cuite datées entre 18 000 et 11 000 ans AP, qui constituent les plus anciennes manifestations artistiques de ce type en Afrique du Nord.
Les fouilles archéologiques ont mis en évidence des armes de chasse très raffinées, faites de pierre, de bois et même de cordage. Les pointes de lances sont appelées ibéromaurusiennes.
Mésolithique
C’est l’époque du Capsien, entre environ 8000 et Le Capsien apparait d’abord dans le Sud de la Tunisie, dans la région de Gafsa (antique Capsa). Il n’atteint pas le littoral méditerranéen et reste à l’intérieur des terres, sur un territoire limité à l’Est algérien et à une partie de la Tunisie.
À cette époque le Maghreb était une savane, comparable à l’Afrique de l’Est actuelle, avec des forêts méditerranéennes uniquement en haute altitude.
L’industrie capsienne est de qualité. Elle comporte des grandes lames, des lamelles à dos, de nombreux burins, grattoirs, couteaux, perçoirs, mèches de forets, scalènes et des objets de petite taille, riche en microlithes géométriques (trapèzes, triangles ou autres). L’industrie osseuse est composée essentiellement de poinçons. Les Capsiens ont laissé un art mobilier abondant, constitué de décors d’objets de parure et de coquilles d’œufs d’autruches, de plaquettes gravées, de pierres sculptées.
Leurs habitations étaient des huttes faites de branchages, peut-être colmatées avec de l’argile. Les mollusques terrestres, les escargots, occupaient une place importante dans leur alimentation, et les coquilles mêlées à des cendres et à des débris osseux forment des amas, ou escargotières, ou cendrières, ayant parfois de 1 à 3 mètres de haut et atteignant plus de 100 m de long. Les Capsiens y enterraient aussi leurs morts dans des positions variables. On peut mentionner à ce titre le site de Mechta Sidi El Arbi, dans la wilaya de Constantine.
Peu de choses sont connues de la religion des Capsiens. Leurs pratiques funéraires (monticules de pierres et peintures figuratives) suggèrent qu’ils croyaient en une vie après la mort[22].
Du point de vue anatomique, les Capsiens étaient des Proto-méditerranéens, peut-être issus du Proche-Orient.
Peinture rupestre du Tassili n’Ajjer
Néolithique
À partir d’environ apparaissent des sociétés sédentaires qui produisent leur nourriture grâce à l’agriculture et à l’élevage, développés un peu plus tôt au Proche-Orient. Le littoral du Maghreb est atteint par la culture de la céramique cardiale.
Les habitants du Sahara ont laissé des peintures rupestres magnifiques, comme celles du Tassili n’Ajjer, datées de 5000 à , ou celles de la région d’El-Bayadh. Elles témoignent de leur mode de vie, de la chasse, de l’agriculture, ainsi que de l’assèchement progressif du Sahara qui commença à partir de . L’aridité du désert a permis de conserver ces œuvres pendant plusieurs millénaires. Aujourd’hui le contraste est saisissant entre la luxuriance de la faune représentée par ces peintures et l’aridité actuelle du désert.
Vers , les habitants de la partie côtière de l’Algérie commencent à s’étendre au sud de l’Atlas tellien, au-delà de l’actuel Batna. Ils occupent progressivement le Nord du Sahara qui était à l’époque moins aride que de nos jours. À partir de l’événement climatique de 4200 BP (), le Sahara s’est asséché, devenant le désert aride que l’on connait aujourd’hui.
a côte était occupée à cette époque par des Ibéromaurissiens, apparentés au type Cro-magnon. Malgré leur faible niveau de culture, ils s’adaptèrent à la civilisation néolithique comme les Capsiens.
Progressivement refoulés, ils se maintiennent pourtant jusqu’à l’époque historique. Les Capsiens, eux, adoptent les industries néolithiques et gardent leur forme de vie. En Algérie, on assiste, d’une façon frappante, au voisinage immédiat de l’histoire et de la préhistoire. Hérodote et Salluste portent témoignage sur les formes maghrébines de la civilisation néolithique.
Il faut souligner, que c’est au Sahara, que la civilisation néolithique devait connaître ses plus belles réussites. Qu’il s’agisse de peintures du Tassili-N’Ajjers, et du Tassili du Hoggar, qu’il s’agisse de pierres taillées et polies, comme on peut en voir dans la magnifique collection du musée du Bardo, on découvre des oeuvres achevées d’une étonnante perfection technique. Et les fresques si importantes sur le plan documentaire, témoignent du goût artistique des Sahariens de la Préhistoire. Certaines pierres sculptées et lissées, qui représentent des animaux, bovidés ou gazelles, ont une puissance d’évocation étonnante.
Âge du bronze
La découverte de représentations d’armes métalliques sur les gravures rupestres du Haut Atlas marocain a permis de préciser l’histoire des métaux dans la région.
Le bronze apparait dans le Maghreb vers En 2025, une étude archéologique menée au Maroc a révélé des informations significatives sur l’utilisation du bronze en Afrique du Nord. Les fouilles effectuées sur le site de Kach Kouch, près de l’embouchure de l’Oued Laou, ont mis au jour un fragment de bronze étamé daté entre -1110 et -920 av. J.-C. Cette découverte constitue la plus ancienne preuve d’utilisation de cet alliage en Afrique du Nord, à l’ouest de l’Égypte.