Louis XIV, en pleine entente avec Colbert, pour premier grand acte militaire de sa puissance depuis la paix des Pyrénées, avait décidé de fonder un établissement français en “Barbarie”, pour ouvrir le commerce d’Afrique du Nord, et tenant la Méditerranée, pour réduire la “piraterie barbaresque” et la domination maritime des Algériens.

Une puissante escadre (15 navires et 8 galères), placée sous le haut commandement du duc de Beaufort, avait appareillé de Toulon le 2 juillet 1664 pour rejoindre les 7 galères de Malte à Minorque, puis débarquer sur le sol algérien le 22 juillet.

L’occupation de Gigeri dura trois mois, mais l’expédition  tourna en désastre face à la résistance des jijéliens de l’epoque  : l’ordre d’évacuer la position fut donné, et la retraite avait eu lieu le 31 octobre.

Le fiasco se solda par la perte d’un millier et demi d’hommes et d’une centaine de canons. On fit tout en France pour taire et oublier l’humiliation infligée aux troupes du roi. En plein procès de Nicolas Fouquet, Gigeri éclaboussait Louis xiv et Colbert ; mieux valait en parler le moins possible. Bernard Bachelot a fourni une étude très complète de cette catastrophe militaire : Louis xiv en Algérie, Gigeri, 1664 (Monaco, Éditions du Rocher, 2003).

Cette malheureuse campagne fut la principale participation française à la guerre austro-turque de 1663-1664 (v. note [8], lettre latine 242).

Sur ordre du jeune roi de France Louis XIV, un corps expéditionnaire de 6 500 hommes appareille de Toulon le 2 juillet 1664. Trois semaines plus tard, il mouille devant GIGERY ( Jijel-Djidjelli).

C’est la première tentative française de conquête de l’Algérie. Elle va s’achever sur un fiasco que le Roi-Soleil se gardera d’ébruiter  (l’écrivain Jean Teulé rappelle le drame dans Le Montespan).

Rivalités personnelles et hostilité religieuse

Cette expédition militaire visait à s’emparer de la ville de Djidjelli et de la fortifier afin d’y établir une base navale permanente facilitant la lutte contre Alger et de Tunis.

L’expédition était placée sous le commandement de l’amiral de France François de Vendôme, duc de Beaufort (cousin de Louis XIV et petit-fils d’Henri IV) tandis que les forces terrestres étaient dirigées par le lieutenant général Charles-Félix de Galéan, comte de Gadagne.

Trois mois après la prise de la ville, privé de renfort à cause de la peste et assiégé par les troupes Kabyles et ottomanes, le corps expéditionnaire de Louis XIV abandonne Djidjelli et rembarque pour la France. Durant la traversée de retour, un navire de premier rang vieillissant et mal radoubé, La Lune, coule dans la rade de Toulon et fait plus de 700 morts.

L’expédition est placée sous le commandement du duc de Beaufort, cousin du roi. Sous ses ordres, le comte de Gadagne dirige l’armée et le chevalier Paul la flotte. Il est secondé dans ce rôle par Abraham Duquesne. 

Les Français pénètrent  dans la ville mais se heurtent très vite les sentiments de la population en occupant un marabout (lieu saint musulman) et un cimetière. Les habitants, remontés, entrent en résistance et multiplient les escarmouches contre l’occupant. Ils reçoivent le soutien d’Alger.

Assiégés dans la ville de Jijel, les Français prennent le parti de se retirer. C’est chose faite le 31 octobre 1664. Parmi les navires qui embarquent à la hâte les rescapés du siège figure un grand et vieux vaisseau, La Lune. Il se présente le 5 novembre en rade de Toulon, surchargé par près d’un millier d’hommes et faisant eau de toutes parts. 

À Toulon, son arrivée met en lumière le fiasco de Jijel. Pour calmer les humeurs de l’opinion, l’Intendant général de la Marine prend prétexte d’une épidémie de peste pour ordonner à La Lune de se rendre en quarantaine aux îles d’Hyères voisines. Le rafiot n’a pas le temps d’y arriver. Il se casse littéralement en deux et coule d’un bloc avec ses passagers et son équipage à l’extrémité de la rade de Toulon. On recense tout au plus quarante survivants.

Composition du corps expéditionnaire

Le commandant suprême de l’expédition est le duc de Beaufort. L’armée est commandée par son second, le comte de Gadagne, qui est lui-même assisté de deux maréchaux de camp, de la Guillotière et le comte de Vivonne. L’artillerie est dirigée par de Bétancourt, le génie par le chevalier de Clerville (responsable des fortifications, il est assisté de Deshouliéres et Misgrini).

La flotte est confiée au chevalier Paul et à Abraham Duquesne, assistés des chefs d’escadre Pierre de Certaines de Fricambault, alors chef d’escadre de Provence, et Mathurin Gabaret. Le marquis de Ternes dirigeait pour sa part comme chef d’escadre des Galères une flotte de huit galères.

Les nombreuses dissensions dans le commandement seront une des causes principales de l’échec de l’opération.

La flotte et l’armée expéditionnaire sont assemblées au port royal de Toulon en  et partent le .

En complément des huit galères de M. de Ternes, la flotte française sous les ordres de Beaufort est composée de quatorze vaisseaux : la Royale, navire amiral (commandé par le chevalier Paul), la Reine (sous les ordres de Vivonne), le César (sous Fricambault), l’Hercule (sous Gabaret), le Jules (sous des Ardens), le Beaufort (sous Gilles de La Roche-Saint-André), le Mercoeur (sous M. de Thurelle), la Perle (sous le chevalier de Buous), l’Écureuil (sous M. de Preuilly d’Humières), l’Anna (sous M. de Querven), la Françoise (sous M. de Châteauneuf), la Victoire (sous M. de Beaumont), le Saint Augustin (sous M. de Cou) et enfin la Flûte royale (sous La Roche Saint-André). À ces vaisseaux sont joints douze navires et vingt-neuf barques chargées de matériel de guerre et des vivres. À leurs côtés, le jeune Châteaurenault, futur Maréchal de France et Vice-Amiral du Levant, sert comme enseigne de la marine (il sera blessé dans l’expédition).

Sept galères de la Religion renforcent la flotte de l’expédition avec à leur bord le bataillon de Malte sous le commandement de Gadagne, guidé par le commandeur de Vivier, et avec pour principaux capitaines le commandeur de Briennes et les chevaliers de Certaines (frère de Fricambault), de La Garde, de Romilly, de Mirabeau, de Beaumont et de Blondet.

  • Régiment des Gardes françaises (6 compagnies),
  • Régiment de Picardie (1 bataillon),
  • Régiment de Navarre (1 bataillon),
  • Régiment de Normandie (1 bataillon),
  • Régiment Royal des Vaisseaux (1 bataillon),
  • Régiment Royal (20 compagnies)
  • Le bataillon de Malte

Menée à bien en 2013, l’exploration archéologique du vieux vaisseau a fourni de précieuses indications aux historiens sur la marine du Grand Siècle.

Rapport détaillé sur l'attaque de GIGERY écrit par le commandant de l'expetion  octobre 1664