Djamila BOUHIRED originaire de Beni-Sekfal à El-Aouana, est une icône absolue de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie”.

Djamila Bouhired naît en 1935 dans la classe moyenne d’Alger. À 19 ans, elle rejoint le Front de libération nationale (FLN). Elle est membre du “réseau bombes” et assistante personnelle de Yacef Saadi, chef de la Zone autonome d’Alger pendant la bataille d’Alger. Elle recrute des femmes combattantes au sein du FLN, parmi lesquelles Djamila Bouazza ou encore Zoulikha.

Pour la politologue et sociologue Feriel Lalami Fates, “elle a été vraiment le symbole d’une part de la lutte du peuple algérien, mais plus encore des femmes algériennes. Elles sont à peu près 11 000 [combattantes]. Mais ce qui n’est pas comptabilisé, c’est tout l’engagement silencieux, secret, discret, des femmes qui ont caché des armes, qui ont nourri des combattants… et qui ont fait qu’il y a eu un tissu social favorable.”

À 21 ans, Djamila est capturée. Les services spéciaux la torturent. Inculpée pour sa participation aux attentats, elle est condamnée à mort. À l’annonce du verdict, elle éclate de rire. 

L’égérie culturelle 

Sa condamnation provoque une campagne de soutien menée par son avocat Jacques Vergès, qui publie un manifeste intitulé Pour Djamila Bouhired, publié aux éditions de Minuit. Ce texte alerte l’opinion publique internationale sur les tortures infligées par l’armée aux combattants algériens. “À partir de son cas, il y a eu une médiatisation qui a dépassé les frontières de l’Algérie et de la France de manière extraordinaire”, poursuit Feriel Lalami Fates. 

Elle a 23 ans quand sa vie est adaptée au cinéma par le cinéaste égyptien Youssef Chahine, dans Djamila l’Algérienne, en 1958. 

“Quand les Égyptiens ont vu ce film, ils sont allés manifester devant l’ambassade française pour l’indépendance de l’Algérie.”

Soutenue par une intense campagne internationale, Djamila est finalement graciée et libérée en 1962. 

La diva libanaise Fairouz lui dédie alors une chanson qui clame son amitié, sa solidarité : “Lettre à Djamila Bouhired”. 

Après sa libération, elle travaille avec Jacques Vergès sur Révolution africaine, un magazine des révolutions nationalistes africaines. Elle a 30 ans quand ils se marient. Ils auront ensemble deux enfants.

“Le régime lui-même en a fait une icône, dans la mesure où, après l’indépendance, elle a sillonné beaucoup de pays pour que la jeune république algérienne soit connue, sous un visage agréable”, analyse Feriel Lalami Fates.

Djamila devient un prénom populaire dans le monde arabo-musulman. “Il y avait les petites filles nommées Houria, ça veut dire “liberté”, et les petites Djamila, les parents dont c’était un modèle absolu de lutte, de dignité et de liberté.” 

Le trait d’union pour la démocratie algérienne

Le 1er mars 2019, à 84 ans, elle manifeste pour protester contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika . 

Elle était là, et elle a été acclamée. C’est le soutien. C’est comme une chaîne entre la période de lutte pour l’indépendance et la construction de la démocratie en Algérie. C’est la continuité d’un projet de liberté. C’est très important que des gens qui ont participé à la libération du pays soient là pour dire : “Le travail n’est pas fini !” conclut Feriel Lalami Fates. 

Article de franceculture.