le Commandant Salles, commandant de l’expédition de Djidjelli, chef d’escadron, écrivant au Maréchal Valée, Gouverneur général des possessions françaises dans le nord de l’Afrique :
« Je demandai alors au bateau à vapeur le « Cerbère » de s’embosser en avant du fort Duquesne. A une heure, il prit position et commença son feu ; de mon côté, je fis tirer les obusiers et l’infanterie sur tous les groupes qui se trouvaient à notre portée».
C’est Charles de Salles commandant de l’expédition de Djidjelli, chef d’escadron qui dirige les opérations et relate à sa manière la bataille à son beau-père le maréchal Sylvain Charles Valée , Gouverneur général des possessions françaises dans le nord de l’Afrique.
De Salles a sous ses ordres Armand Jacques Leroy de Saint-Arnaud capitaine de la Légion étrangère.
Quand de Salles débarque, les légionnaires ont déblayé le terrain au péril de leur vie. Le maréchal Vallée ne s’y trompe pas puisqu’à cette occasion il nomme Leroy de Saint-Arnaud chef de bataillon.
Le Cerbère quitte Stora le 12 mai, arrive à « D’gigelly » le 13, et en repartira le 15, faisant cap sur Alger qu’il atteindra le 17.
Le fait d’armes est constaté, le 10 juin 1839 sur l’invitation de monsieur Roux, lieutenant de vaisseau, commandant :
« Le cerbère est parti le 11 mai de Philippeville, avec des troupes de débarquement de la légion étrangère à Alger, Il était accompagné du Styx portant également des troupes à son bord.
Dans la nuit du 12 au 13 mai, les deux navires, s’étant rendu à Djigelli, ont surpris la ville et y ont débarqué leurs troupes. Elles étaient commandées par monsieur de Salles chef d’escadron d’État-Major et chef de l’expédition.
D’après l’ordre de Monsieur de Marqué, chaque bâtiment a fait accompagner ses troupes par un détachement de marins pris dans les équipages, celui du cerbère était commandé par Monsieur Béchameil, enseigne de vaisseau chargé du détail du bâtiment.
La surprise et la promptitude avec laquelle le débarquement a eu lieu a rendu la progression du terrain facile. Les arabes s’étant retirés sur une ligne plus éloignée où ils pouvaient recevoir du renfort, nos troupes les y ont suivis, une fusillade a été engagée qui a duré toute la journée et nos marins ont travaillé immédiatement dans le feu de l’ennemi aux retranchements avec cette activité qui leur est justement reconnue.
Le lendemain, le 14, a eu lieu une attaque très sérieuse, les arabes avaient eu le temps de se réunir. Ils étaient très nombreux et nos postes attaqués sur tous les points, nos marins avaient cessé de travailler aux retranchements et avaient été placés aux avant-postes. Plusieurs balles, les ont atteints entre autres, Monsieur Béchameil, qui en a reçu une dans le ventre., dont la blessure eut pu devenir très grave, et qui néanmoins a voulu être pansé sur les lieux, sans quitter son poste.
Ce jour là même, l’ordre très pressé fut donné au Cerbère de venir s’embosser sur la côte. Cet ordre fut expédié par Monsieur de Salles, commandant de l’expédition, et exécuté immédiatement, tout ayant été prévu à bord, le feu du cerbère a aussitôt contribué à faire diminuer l’attaque et insensiblement à éloigner les arabes, qui, en se retirant, envoyaient leurs balles à bord. Un homme en a été atteint.
Ces faits majeurs, en tant de paix, avaient besoin d’être constatés ainsi que les récompenses suivantes qui ont été accordées. Monsieur Roux, lieutenant de vaisseau commandant a reçu un témoignage de satisfaction de sa majesté transmis par Monsieur le ministre de la Marine , Monsieur Béchameil et le maître de manœuvre ferrier ont été décorés.
Plusieurs hommes de l’équipage ont reçu un avancement en grade et en classe par procès-verbal d’avancement extraordinaire en date du 15 mai.«
Fait à bord du Cerbère ce jour tous sous signés, Cissou signé GENER, Solène Béchameil, Garbaron, noyer, Auguste et roi, pour copie conforme, le commissaire des services
Sous signés Jensolen Béchameil, Garbeiron (Auguste), Monoyer (Antoine), Marroin
Michel Blaise Jean Marius matricule 21936 Toulon fut débarqué à Toulon (où le Cerbère avait fait escale du 4 au 28 juin) le 25 juin 1839.
En mai 1839, le 1er bataillon prend part à l’expédition de Djidjelli où il livre de furieux combats à la baïonnette. Le commandant Horain, un ancien de la première Légion, est mortellement blessé.
Horain: Commandant, officier polonais de la Légion plein de courage et de force ; chef du 4e Bataillon de la Légion qui s’illustre dans les combats de Moulay-Ismaïl le 27.06.1834 et dans les marais de la Macta le 28 juin. Il trouve la mort en mai 1839 lors de l’expédition sur Djidjelli.
Recueil des notices et mémoires: HISTOIRE DES VILLES DE LA PROVINCE DE CONSTANTINE -GIGELLY-de Charles FERAUD
Aux avant-postes devant Gigelli, le 18 mai 1839.
Dans le récit des faits qui signalèrent les débuts de l’occupation de Gigelli, nous nous sommes arrêtés au combat du 17 mai. Les pertes de la journée du 17 et la nécessité de hâter les travaux de défense, forcèrent le commandant de Salles à demander des secours au lieutenant-colonel Bedeau, qui n’hésita pas un moment à lui envoyer deux compagnies du 2e bataillon de la légion étrangère, sous les ordres du chef de bataillon Honvaux. Le 26 mai, on s’attendait à une attaque nouvelle, que les espions avaient annoncée dans leurs rapports, et des dispositions furent prises pour la repousser Pendant la nuit du 2 au 3 juin, une vive fusillade s’en gagea sur tout le développement des positions du Djebel Aïouf. Dans la journée précédente, une reconnaissance conduite dans la direction du cap Cavallo, à l’ouest de la ville, avait permis de constater la réunion d’un grand nombre de Kabiles. Aussi ne fut-on pas surpris par cette tentative, et même pour répondre à cette attaque nocturne, le commandant supérieur de Salles ordonna de marcher contre les assaillants qui, partout, furent culbutés. Pendant l’action, nous eûmes sept hommes mis hors de combat. La nuit suivante, une nouvelle attaque eut lieu, mais cette fois, on jugea inutile de marcher au secours de la position attaquée, dont la défense semblait assurée. Les Kabiles, de leur côté, au lieu de se porter en masse contre le Djebel-Aïouf, tentèrent de se glisser par la coupure qui existe entre le fort Ste-Eugénie et le fort Duquesne, et de venir attaquer le camp lui même, en arrière de la ligne de défense. Les troupes restèrent sur le front de bandière. Quatre coups de canon tirés à mitraille suffirent pour faire reculer les Kabiles, qui durent repasser sous le feu du fort Duquesne, dont les pièces, chargées également à mitraille, leur firent éprouver des pertes nombreuses. « Ces attaques de nuit, écrivait le commandant deSalles, semblent indiquer que l’ennemi n’a plus l’espoir de nous chasser de nos positions ; qu’il veut seulement nous inquiéter. La tranquillité renaîtra peu à peu, et nos relations ne tarderont pas, j’en suis convaincu, à être renouées. Les Kabiles savent que notre front et notre droite sont inabordables. » Afin d’assurer la gauche et de relier le fort Ste-Eugénie au fort Duquesne, on éleva un blocus entouré d’un parapet qui prit le nom de fort Valée; enfin, une petite maison crénelée en avant du fort Ste-Eugénie, compléta la série des ouvrages de défense du Djebel-Aïouf. Dans la nuit du 8 au 9 juin, les forts furent vigoureusement attaqués encore ; mais les défenseurs, abrités par les parapets, n’eurent qu’un homme tué. Le lendemain, les Kabiles découragés s’éloignèrent.
Ce texte est tiré du livre : Histoire des villes de la Province de Constantine, GIGELLI. de L Charles FERAUD, paru à Alger en 1870
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