LA RÉSISTANCE DE 1839
Extrait du recueil des notices et mémoires: HISTOIRE DES VILLES DE LA PROVINCE DE CONSTANTINE -GIGELLY-de Charles FERAUD
Aux avant-postes devant Gigelli, le 18 mai 1839.
Dans le récit des faits qui signalèrent les débuts de l’occupation de Gigelli, nous nous sommes arrêtés au combat du 17 mai. Les pertes de la journée du 17 et la nécessité de hâter les travaux de défense, forcèrent le commandant de Salles à demander des secours au lieutenant-colonel Bedeau, qui n’hésita pas un moment à lui envoyer deux compagnies du 2e bataillon de la légion étrangère, sous les ordres du chef de bataillon Honvaux. Le 26 mai, on s’attendait à une attaque nouvelle, que les espions avaient annoncée dans leurs rapports, et des dispositions furent prises pour la repousser Pendant la nuit du 2 au 3 juin, une vive fusillade s’en gagea sur tout le développement des positions du Djebel Aïouf. Dans la journée précédente, une reconnaissance conduite dans la direction du cap Cavallo, à l’ouest de la ville, avait permis de constater la réunion d’un grand nombre de Kabiles. Aussi ne fut-on pas surpris par cette tentative, et même pour répondre à cette attaque nocturne, le commandant supérieur de Salles ordonna de marcher contre les assaillants qui, partout, furent culbutés. Pendant l’action, nous eûmes sept hommes mis hors de combat. La nuit suivante, une nouvelle attaque eut lieu, mais cette fois, on jugea inutile de marcher au secours de la position attaquée, dont la défense semblait assurée. Les Kabiles, de leur côté, au lieu de se porter en masse contre le Djebel-Aïouf, tentèrent de se glisser par la coupure qui existe entre le fort Ste-Eugénie et le fort Duquesne, et de venir attaquer le camp lui même, en arrière de la ligne de défense. Les troupes restèrent sur le front de bandière. Quatre coups de canon tirés à mitraille suffirent pour faire reculer les Kabiles, qui durent repasser sous le feu du fort Duquesne, dont les pièces, chargées également à mitraille, leur firent éprouver des pertes nombreuses. « Ces attaques de nuit, écrivait le commandant deSalles, semblent indiquer que l’ennemi n’a plus l’espoir de nous chasser de nos positions ; qu’il veut seulement nous inquiéter. La tranquillité renaîtra peu à peu, et nos relations ne tarderont pas, j’en suis convaincu, à être renouées. Les Kabiles savent que notre front et notre droite sont inabordables. » Afin d’assurer la gauche et de relier le fort Ste-Eugénie au fort Duquesne, on éleva un blocus entouré d’un parapet qui prit le nom de fort Valée; enfin, une petite maison crénelée en avant du fort Ste-Eugénie, compléta la série des ouvrages de défense du Djebel-Aïouf. Dans la nuit du 8 au 9 juin, les forts furent vigoureusement attaqués encore ; mais les défenseurs, abrités par les parapets, n’eurent qu’un homme tué. Le lendemain, les Kabiles découragés s’éloignèrent. Ce texte est tiré du livre : Histoire des villes de la Province de Constantine, GIGELLI. de L Charles FERAUD, paru à Alger en 1870